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Trois modèles mentaux indispensables pour un chef d'entreprise

Les modèles mentaux sont des sortes de "cheat codes" qui vous garantissent de réussir là où les autres échouent. Ils vous permettent de comprendre, d'interpréter et d'anticiper les défis auxquels vous êtes confrontés chaque jour. Ils peuvent également sauver votre entreprise lorsque vous vous retrouvez dos au mur. Prêt à découvrir les trois modèles mentaux les plus importants pour un chef d'entreprise ?

1. La Loi de Pareto (ou la règle des 80/20)

Si je ne devais choisir qu'un seul modèle mental, ce serait celui-ci. Pas une journée ne se passe sans que j'y fasse référence !

Pour faire simple : la loi de Pareto part du principe qu'environ 80% des effets sont le résultat de 20% des causes.

Plus concrètement, cela peut s'appliquer à tous les aspects de votre entreprise (mais aussi de votre vie personnelle).

Par exemple, avec vos clients :

  • 20% de vos clients vont vous rapporter 80% de votre chiffre d’affaires.

  • 20% de vos clients vont vous faire perdre 80% de votre temps mais ne vous rapporter que 20% de vos bénéfices.

  • 80% de vos clients vont accepter votre process mais 20% vont vouloir que vous fassiez des exceptions.

Bien évidemment, il ne s'agit pas d'une règle mathématique précise (les pourcentages peuvent varier) mais d'un ordre de grandeur.

Cela peut aussi s'appliquer à vos recrutements :

  • 80% des candidats que vous allez recevoir seront médiocres et 20% seront bons voire excellents.

  • 20% de vos salariés vont vous demander 80% de votre temps mais ne vous rapporter que 20% de votre chiffre d’affaires.

L'objectif est de vous aider à trouver les bons leviers pour :

  • Prioriser les tâches : en identifiant les 20% d'actions qui produisent 80% des résultats, vous pouvez vous concentrer sur l'essentiel.

  • Optimiser les ressources : en allouant plus de ressources aux 20% les plus productifs, vous pouvez maximiser votre efficacité.

  • Analyser les problèmes : en identifiant les 20% de causes qui produisent 80% des problèmes, vous pouvez sélectionner les solutions les plus efficaces.

  • Améliorer la productivité : en se concentrant sur les 20% les plus importants, vous pouvez augmenter significativement votre productivité.

Bref, une gymnastique intellectuelle dont vous devez user et abuser !

2. S'affranchir des "sunk cost fallacies"

Les "sunk cost fallacies" (ou le biais des coûts irrécupérables) consistent à poursuivre un effort, un projet ou une décision en raison des investissements passés (temps, argent, ressources) plutôt que sur la base d'une analyse rationnelle des bénéfices futurs.

Il ne s'agit pas en soi d'un modèle mental mais d'un biais. Cependant, savoir s'en affranchir est indispensable pour éviter de commettre de graves erreurs.

Par exemple, vous pouvez investir des milliers d'euros dans une campagne de publicité sur une station de radio locale. Malgré l'absence de résultat, vous continuez à investir dans ces campagnes en vous disant que cela va "finir par marcher". Plus vous investissez d'argent, plus il devient difficile d'abandonner cette stratégie...

Plusieurs facteurs psychologiques contribuent à ce biais :

  • Aversion à la perte : nous ressentons plus fortement les pertes que les gains, ce qui nous pousse à éviter de reconnaître une perte.

  • Biais d'optimisme : nous surestimons souvent nos chances de succès futur, malgré les preuves du contraire.

  • Responsabilité personnelle : nous sommes plus susceptibles de tomber dans ce piège lorsque nous nous sentons personnellement responsables de la décision initiale.

  • Désir d'éviter le gaspillage : la volonté de ne pas paraître "gaspilleur" nous pousse à continuer, même quand c'est irrationnel.

Voici quelques exemples concrets supplémentaires :

  • Dans les affaires : continuer à investir dans un projet non rentable parce que beaucoup d'argent a déjà été dépensé (comme le Concorde).

  • Dans la vie personnelle : rester dans une relation insatisfaisante à cause du temps déjà investi.

  • Dans les loisirs : finir de regarder un film ennuyeux parce qu'on a déjà payé le billet.

En tant que chef d'entreprise, vous devez toujours décider d'arrêter un projet ou une stratégie en fonction d'éléments rationnels présents et non en tenant compte des investissements passés.

3. L'antifragilité

L'antifragilité est un concept développé par Nassim Nicholas Taleb qui décrit la capacité d'un système à non seulement résister aux chocs et au stress, mais à s'améliorer grâce à eux.

Ce concept va au-delà de la simple résilience ou robustesse. Un système antifragile va se renforcer face aux perturbations et s'améliorer continuellement grâce aux défis rencontrés.

Taleb distingue quatre types de réactions face aux chocs :

  1. Fragile : vulnérable et endommagé par les perturbations.

  2. Résistant : retrouve son état initial après un choc.

  3. Robuste : reste indifférent au désordre.

  4. Antifragile : sort renforcé des perturbations.

Appliquons cette grille de lecture à un agent immobilier confronté à la crise du marché de la vente :

  1. Fragile : l'agent immobilier dépose le bilan car son agence ne survit pas à la baisse des ventes. C'est malheureusement ce qui est arrivé à beaucoup d'acteurs de ce secteur...

  2. Résistant : l'agent immobilier réduit toutes ses dépenses et puise dans ses réserves de cash pour tenir pendant la crise en attendant une reprise du marché.

  3. Robuste : l'agent immobilier n'est pas impacté par la crise car il est spécialisé dans le luxe et travaille dans plusieurs pays.

  4. Antifragile : l'agent immobilier tire profit de la crise en développant un pôle de gestion locative car le marché est en forte progression du fait de la baisse du marché de la transaction. Quand le marché de la vente reprend des couleurs, il double son chiffre d’affaires grâce à la nouvelle activité développée pendant la crise.

Voici quelques autres exemples d'entreprises antifragiles très connues :

Apple : après avoir frôlé la faillite dans les années 90, Apple a su rebondir de manière spectaculaire. L'entreprise a transformé ses difficultés en opportunités d'innovation, lançant des produits révolutionnaires comme l'iPod, l'iPhone et l'iPad.

Netflix : en 2011, Netflix a traversé une crise majeure suite à une augmentation de ses tarifs et une tentative de séparation de ses activités DVD et streaming. L'entreprise a su rebondir en misant sur la production de contenus originaux et l'expansion internationale, devenant ainsi le leader mondial du streaming vidéo.

Airbnb : malgré des débuts difficiles en 2008, avec peu de réservations et des problèmes de financement, Airbnb a su transformer ces obstacles en opportunités. L'entreprise a utilisé une approche créative pour se faire connaître lors de l'élection présidentielle américaine et a obtenu un financement crucial, démontrant sa capacité à s'adapter et à croître face à l'adversité.

Comment devenir antifragile ? 

  1. Acceptez l'incertitude comme partie intégrante de votre environnement plutôt que de vivre dans l'angoisse du changement.

  2. Embrassez les nouvelles tendances comme des opportunités plutôt que de les refuser comme des dangers pour vos acquis.

  3. Valorisez l'apprentissage par l'erreur plutôt que de vouloir à tout prix les éviter (à partir du moment où vous ne les répétez pas plusieurs fois).

  4. Tranchez quoi qu'il arrive sans rester dans l'indécision : il est souvent moins coûteux de prendre une mauvaise décision puis de revenir en arrière plutôt que de ne rien faire (principe appliqué par Elon Musk).

 

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